Réforme fiscale : l’IFI devient un impôt sur la fortune improductive

Un projet de réforme fiscale suscite de vives discussions, notamment autour de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Adopté à l’Assemblée nationale le 31 octobre 2025, un amendement prévoit de transformer cet impôt en un « impôt sur la fortune improductive ». Cette nouvelle taxe viserait notamment les fonds en euros des contrats d’assurance-vie.

Une extension inattendue de l’impôt sur la fortune

Jusqu’à présent, l’IFI concernait principalement les biens immobiliers non professionnels. La nouvelle mesure étendrait cependant son champ à d’autres actifs comme les voitures de collection, les lingots d’or, les œuvres d’art, ou encore les cryptomonnaies. Elle pourrait aussi toucher l’épargne placée en fonds euros, détenue par près de 20 millions de Français. Une évolution qui pourrait modifier la perception de ce placement, longtemps considéré comme un refuge sûr.

Les fonds euros dans le viseur de la nouvelle taxe

L’amendement adopté fin octobre repose sur l’idée de taxer les patrimoines jugés « improductifs ». Selon ses promoteurs, il s’agit des capitaux qui ne participeraient pas directement au financement de l’économie réelle. Les fonds euros, dont l’encours dépasse 1 400 milliards d’euros, seraient principalement investis dans des obligations d’État, qu’on considère comme peu « productives ».

Cependant, cette analyse est contestée. Gérard Bekerman, président de l’Afer, souligne que les fonds euros détiennent aussi une part importante d’actions et de dettes d’entreprises, contribuant ainsi au tissu économique. En moyenne, ils investissent à 10,1 % en actions, selon le cabinet Facts & Figures. Certains professionnels craignent surtout des arbitrages massifs vers des unités de compte, souvent investies à l’étranger ou dans des placements risqués. Ces derniers ne sont pas nécessairement plus productifs pour l’économie française, alertent-ils.

Qui sera concerné par cette nouvelle taxe ?

Le seuil d’imposition restera fixé à 1,3 million d’euros de patrimoine net taxable. Les petits épargnants, possédant quelques dizaines de milliers d’euros en assurance-vie, ne seront pas concernés. Cependant, le calcul du patrimoine imposable inclura désormais tous les actifs considérés comme improductifs : biens immobiliers (hors résidence principale jusqu’à 1 million d’euros), fonds euros, or, cryptomonnaies, œuvres d’art, yachts, etc.

Les actifs seront évalués chaque 1er janvier et déclarés avec les revenus. Si le total dépasse ce seuil, un impôt de 1 % sera appliqué sur la part excédentaire. Par exemple, pour un patrimoine improductif de 2 millions d’euros, l’impôt serait de 7 000 euros. Selon les députés socialistes, cette réforme pourrait rapporter jusqu’à 4 milliards d’euros à l’État, contre 2,2 milliards actuellement avec l’IFI. Aucune estimation officielle n’a encore été publiée concernant le nombre de foyers concernés ou l’impact fiscal global.

Les inquiétudes du secteur de l’assurance vie

Les assureurs tirent la sonnette d’alarme face à cette perspective. La réforme pourrait fragiliser un pilier de l’épargne française, déjà mis à mal par la remontée des taux d’intérêt. Les fonds en euros, avec leur rendement stable et leur capital garanti, constituent la base de l’épargne longue pour de nombreux Français. Les professionnels craignent que cette nouvelle taxation n’incite à des arbitrages vers des placements plus risqués ou délocalisés, ce qui pourrait déstabiliser la confiance dans ces produits.

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